
Des applaudissements nourris ont retenti dans le hall de l’Assemblée générale des Nations unies, mardi, peu avant midi. À l’issue d’un vote sans suspense mais chargé de symboles, les États membres de l’organisation ont désigné cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité pour la période 2026-2027.
Parmi les élus : la République démocratique du Congo et le Libéria, qui représenteront le continent africain ; le Bahreïn, voix de l’Asie-Pacifique ; la Colombie, figure montante d’Amérique latine ; et la Lettonie, seule représentante du groupe d’Europe orientale dans l’organe exécutif de l’ONU.
Tous les cinq ont obtenu la majorité des deux tiers requise — soit 125 voix sur 188 votants —, condition indispensable même en l’absence de concurrence ouverte. Une formalité en apparence, mais qui consacre leur légitimité à siéger à la table où les décisions majeures sur la paix et la sécurité internationales sont prises — ou bloquées.
Une géopolitique des équilibres
Les sièges étaient, comme de coutume, répartis selon des quotas régionaux : deux pour l’Afrique, un pour l’Asie-Pacifique, un pour l’Amérique latine et les Caraïbes, un pour l’Europe orientale. Le scrutin s’est déroulé à bulletin secret, dans l’hémicycle du siège new-yorkais des Nations Unies. Une élection sans surprise, mais riche d’enjeux.
La République démocratique du Congo, confrontée depuis le début de l’année à une offensive des rébelles du M23, soutenus par le Rwanda, dans l’est de son territoire, fera entendre la voix d’un pays en quête de paix, tandis que le Libéria, longtemps ravagé par la guerre civile, revendique son retour au premier plan diplomatique.
Après des décennies de guerre civile, la Colombie, désormais active dans les grandes négociations climatiques et migratoires, entend jouer un rôle moteur. Bahreïn, petit État du Golfe mais acteur diplomatique ambitieux, rejoint le Conseil dans un contexte de tensions régionales accrues. Quant à la Lettonie, sa présence sonne comme un écho direct à la guerre totale menée par la Russie en Ukraine et à l’instabilité aux frontières orientales de l’Europe.
Un Conseil sous tension
Les cinq nouveaux venus remplaceront, au 1er janvier 2026, l’Algérie, le Guyana, la République de Corée, la Sierra Leone et la Slovénie, dont les mandats arrivent à échéance à la fin de l’année.
Ils rejoindront les cinq membres non permanents déjà en poste pour l’année 2026 : le Danemark, la Grèce, le Pakistan, le Panama et la Somalie. Aux côtés des cinq membres permanents — Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie — ils composeront un Conseil de quinze États, théâtre quotidien d’alliances fragiles et de bras de fer diplomatiques.
Leur poids institutionnel reste limité par l’absence de droit de veto, monopole des cinq grandes puissances issues de l’après-Seconde Guerre mondiale. Mais leur rôle est loin d’être symbolique. Membres des comités de sanctions, coprésidents de dossiers sensibles, relais de coalitions transrégionales : les sièges non permanents sont des leviers d’influence à part entière.
Une ONU à la croisée des chemins
En toile de fond, les appels à la réforme du Conseil de sécurité se multiplient. Jugé peu représentatif, souvent paralysé par les veto croisés, l’organe suscite frustration et défiance. Pour de nombreux États, l’absence de pays africain ou latino-américain en tant que membre permanent est une aberration historique.
Mais en attendant une hypothétique réforme, ces sièges non permanents demeurent la principale voie d’accès pour les pays en développement à la scène décisionnelle onusienne. Une scène d’autant plus stratégique que les crises s’enchaînent : Ukraine, Gaza, Soudan, Corée du Nord, climat, cybersécurité…
Dans les mois qui viennent, les regards se tourneront vers ces cinq nouveaux élus. Auront-ils la capacité de peser, d’ouvrir des brèches diplomatiques, de faire émerger des compromis ? Leur mandat n’a pas encore commencé, mais déjà, la réalité du monde les rattrape.
D’après communiqué